Le Plateau, lieu destiné à devenir une terre d’accueil pendant la Seconde Guerre mondiale – Marin Aujogues

Le Plateau fut tout d’abord une terre de résistance protestante.

Avant même la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV en 1685, les huguenots de la montagne résistèrent à une violente persécution suite à la destruction des temples de Saint-Voy et du Chambon.

Ainsi, cette montagne est devenue un refuge pour tous les cultes clandestins et pour les assemblées interdites pendant la période du Désert, en référence à la traversée du désert de Moïse et des Hébreux afin de fuir l’Égypte. Pendant cette période, de nombreux protestants restés en France deviennent clandestins pour éviter les persécutions religieuses qui sévissent de 1685 à 1787.

Au XIXe siècle, les habitants du Plateau gardent toujours le souvenir des persécutions, ce qui les amène à accueillir des mouvements qui proviennent d’une nouvelle évangélisation appelée le Réveil.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Plateau devient donc presque naturellement une des principales terres d’accueil d’une France divisée, permettant aux personnes  fuyant les persécutions nazies et le régime de Vichy de se réfugier.

L’implication du mouvement du christianisme social.

Le mouvement du christianisme social est né à partir du XIXe siècle dans les milieux protestants français, suite à la révolution industrielle et aux conditions de vie misérable des populations ouvrières à cette époque.

Louis Comte (1857-1926), socialiste, dreyfusard et pasteur à Saint-Étienne entre 1885 et 1915, fonde  en 1891 l’œuvre des Enfants de la Montagne après un séjour à Montfaucon. Cette œuvre permet aux enfants d’ouvriers des grandes villes, notamment Saint-Étienne, de pouvoir profiter de l’air pur lors d’un séjour dans les fermes du Plateau.

Le développement du tourisme dans un milieu rural.

En 1902, la ligne de chemin de fer fut prolongée jusqu’à Saint-Agrève. Cela permet aux touristes d’accéder au bon air de la montagne et de profiter des sports d’hiver. De ce fait, la construction de nombreux hôtels et de pensions de famille s’amplifie et plusieurs fermes peuvent se louer. Ce nombre d’infrastructures fut très utile lors de la guerre car cela a permis d’accueillir énormément de réfugiés.

Des idées de pacifisme et de non-violence présentes sur le Plateau.

Suite à la Première Guerre mondiale qui fut très violente et qui va entraîner  une « brutalisation » des esprits, de nombreuses idées pacifistes se propagent afin d’éviter qu’une autre guerre éclate. Ces idées ont essaimé jusqu’au Plateau, où des groupes se sont formés – des objecteurs de conscience-, dont faisait partie André Trocmé, pasteur emblématique du Chambon; ils dénoncent le service militaire ainsi que l’engagement dans l’armée. Ces groupes prônent  la résistance non-violente par notamment l’accueil des réfugiés.

C’est grâce à ces multiples facteurs historiques, économiques, religieux et sociaux que le Plateau fut un des plus grands centres d’accueil de réfugiés en France pendant la Seconde Guerre mondiale et continue aujourd’hui de remplir son rôle en accueillant  toujours des réfugiés.

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Photo prise le 13/10/16 à côté du lieu de mémoire – N.Petit

Marin Aujogues

4 réflexions sur « Le Plateau, lieu destiné à devenir une terre d’accueil pendant la Seconde Guerre mondiale – Marin Aujogues »

  1. Merci de ce texte et surtout de la photo, qui fait le lien entre hier et aujourd’hui, et rappelle à quoi sert le devoir de mémoire.
    Merci à vous, blogueurs, qui, à l’aube de votre vie, faites ce choix de vous approprier ces valeurs fondatrices et les faire vivre, à votre tour.
    puissiez-vous avoir le geste plus large, le regard plus clair, et faire mieux que nous ce que nous avons fait…j’ai confiance en vous.

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