L’Oncle Sam: une logistique bien huilée!

Implanté aux confins  de la Côte-d’Or et de la Haute-Marne, le camp américain Williams d’Is-sur-Tille a vu le jour en octobre 1917. Après 32 mois de neutralité, les États-Unis d’Amérique déclarèrent la guerre à l’Allemagne le 6 avril 1917. Le camp d’Is-sur-Tille fut alorsrapidement retenu car il offrait un large espace quasiment plat, à proximité d’un réseau ferroviaire somme toute peu engorgé permettant aux soldats provenant des ports français de Rochefort, Nantes, Saint-Nazaire et Brest de converger.

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Les travaux de construction commencèrent fin septembre 1917. En même temps que les installations ferroviaires, des baraques et des hangars furent rapidement construits car il fallait abriter hommes et matériel. À la fin de l’année, plus de 5 500 hommes s’activaient sur le gigantesque chantier dans des conditions de travail et d’hébergement extrêmement rudes. En effet, tous vivaient au départ sous des tentes pendant une période pluvieuse accompagnée de froid et d’humidité. La boue était omniprésente. De plus, la construction prit un certain temps car les Français devaient exproprier les propriétaires des terrains destinés à accueillir le camp Williams. Il y avait alors urgence.

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Dans un premier temps furent aménagées des voies ferrées. Au total près de 32 kilomètres de voies étroites et 95 kilomètres de voies normales furent installées avec deux faisceaux de 16 et 25 voies dont sept pour les trains ambulance et deux pour le ravitaillement des troupes de passage tout comme 30 kilomètres de quais et de nombreux aiguillages.

   Pour construire ces voies ferrées, les marais de la Tille furent asséchés afin d’exploiter durant plusieurs semaines les bancs de graviers, notamment en bordure immédiate de la gare, sur des profondeurs pouvant dépasser les 3 à 4 mètres. Des excavatrices furent alors importées des États-Unis pour extraire les graviers utilisés comme ballast.

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Un lac, aujourd’hui localisé à Marcilly-sur-Tille, fut même creusé à force d’extractions. Malgré cela, les excavations furent rapidement rebouchées avec des matériaux abondants provenant principalement de l’activité ferroviaire, dont les scories et le mâchefer issus de la vidange des nombreuses machines à vapeur qui transitaient par la gare.

    Des faisceaux de garages impairs utilisés par les troupes américaine et française furent ensuite construits afin d’installer des ateliers de réparation. Enfin, de nombreux aménagements nécessaires à la vie quotidienne furent ensuite construits. Ces aménagements étaient construits en bois, ils n’étaient pas faits pour durer. Ainsi, un hôpital de 500 lits fut construit, des baraques de logement d’une capacité d’accueil de 5000 officiers et 18000 soldats furent aussi bâties. Ces derniers logeaient durablement dans le camp Williams et s’occupaient de sa gestion.

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Une boulangerie, baptisée « The greatest bakery in the world », comme son nom l’indique, la plus grande boulangerie au monde, fut elle aussi installée. Elle occupait deux bâtiments en acier et faisait appel à des pétrins mécaniques, des fours au fuel et des machines réfrigérantes afin d’approvisionner un million de soldats au front chaque jour.

   De plus, des dépôts destinés au stockage des marchandises furent bâtis tout comme une usine électrique permettant d’alimenter la totalité du camp. Enfin, un parc de loisirs avec un théâtre de 1800 places, des cinémas, une bibliothèque, une salle et des terrains de jeux furent construits et gérés par le YMCA, Unions Chrétiennes de Jeunes Gens.

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En moins de six mois, les Américains mirent en place une base de près de 20 hectares. A la signature de l’armistice, le site comportait 175 kilomètres de voies, 390 entrepôts, 250 baraquements et plus de 600 quais de débarquement. Près de deux millions de soldats américains et environ 4 millions de tonnes de fret passèrent par le camp d’Is-sur-Tille entre l’automne 1917 et mai 1919.

Avec ses 390 bâtiments, représentant au total plus de 19 hectares de surface couverte, Is-sur-Tille ravitaillait ainsi, en août 1918, quelques 796 000 hommes et 122 000 animaux répartissant ses envois entre 46 gares de ravitaillement et 62 autres points de destination.

Le camp Williams n’accueillait pas seulement des officiers et des soldats américains et français. Malgré la présence, au total, de 2 millions de soldats, nombreux étaient les travailleurs issois présents dans le camp. En effet, le matin, des travailleurs français d’Is-sur-Tille allaient travailler sur le camp américain. Des contacts entre la population et les américains étaient signés, ainsi, des infirmières, des prêtres, des postiers, de la main d’œuvre travaillaient ensemble sur le camp américain. De plus, des prisonniers allemands contraints et surveillés participaient eux aussi à la vie sur le camp Doughboy.

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Aujourd’hui, plus rien ne reste du camp américain d’Is-sur-Tille. Seuls quelques vestiges sont encore présents à travers les champs et les bois de la commune tels que le reste d’une cheminée, quelques tracés de voies ferrées ou encore un réservoir d’eau.  Une stèle a été mise en place par le Rotary Club et la ville d’Is-sur-Tille afin de commémorer le camp Williams. Sur le monument au mort de la commune, un hommage aux Américains est présent à travers un médaillon de Pershing. Au total, 236 Américains sont morts dans le camp ; tous sont inscrits sur le monument.

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Source images: Merci à la Société d’Histoire Tille/ Ignon.

Auteurs: PIERRICK et CHLOE

3 réflexions au sujet de « L’Oncle Sam: une logistique bien huilée! »

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