[Portrait] Oscar Rosowsky, le faussaire du Plateau – Allan Decoudu

Oscar Rosowsky, Juif d’origine russe, est né à Berlin en 1923.

Sa famille emménage à Nice en 1933 pour échapper à la montée du nazisme en Allemagne. C’est là qu’il suit des études secondaires. Puis, ne pouvant pas faire d’études supérieures pour des raisons financières mais aussi à cause des lois antisémites promulguées par Vichy, il est engagé en tant qu’apprenti par un artisan du nom de Septembre qui répare des machines à écrire. A Nice, à cette époque, personne ne se doutait que des camps, même d’internement en France, pouvaient exister, preuve que la censure était extrêmement présente.

Son père sera arrêté en juillet 1942, interné à Drancy, puis déporté au camp d’Auschwitz. Il survivra mais décédera lors des marches de la mort. Quant à Oscar et sa mère, ils tenteront de passer la frontière suisse. Si Oscar passe en premier en Suisse sans problème, il retourne en France, soucieux de ne pas voir sa mère arriver. Il apprend très vite qu’elle a été arrêtée et emmenée au camp de Rivesaltes. Il la délivre grâce à un faux permis de séjour.

Voyant qu’il était difficile de rejoindre la Suisse, Oscar se réfugie au Chambon-sur Lignon sous le nom de Jean-Claude Plunne tandis que sa mère se cache à Fay-sur-Lignon pour plus de discrétion.

Après son arrivée, il sera très vite chargé de la création d’une officine de faux papiers. De 1942 à 1944, lui et quelques jeunes du Plateau -en particulier Samuel Emile Charles[1]- mettront en place un véritable système pour que tous les réfugiés juifs, les réfractaires aux STO et les résistants puissent bénéficier de cartes d’identité ou de ravitaillement.

Son travail est alors conséquent : cela va du simple changement de lieu de naissance au changement complet d’identité en passant par la fabrication de cartes de ravitaillement et de falsification de date de naissance (pour les réfractaires au STO). Oscar est aidé par des employés de mairie qui lui fournissent des formulaires et des cartes vierges et c’est un véritable réseau qui prend forme. Oscar procure aussi bien des papiers à des réfugiés qu’aux filières clandestines du Plateau telles que le réseau André[2] ou le réseau de Mireille Philip[3].

Étant installé dans une ferme louée à un paysan du Plateau, ses camarades et lui travaillent toute la nuit pour faire leurs livraisons et fabriquer leurs faux papiers. Les Allemands surveillent cependant le secteur et, pour dénicher le réseau, ils brûlent des fermes. Le fermier a alors l’idée de cacher le matériel à l’intérieur d’une ruche, une méthode peu commune mais très astucieuse cependant et qui permet à Oscar de poursuivre son travail de faussaire.

Combien de personnes Oscar Rosowsky a-t-il aidées ? On estime ce chiffre à 5 000 mais, d’après les historiens, la marge d’erreur est assez large. Certes, son travail a touché un secteur assez large, à peu près toute la Haute-Loire. Toutefois, il n’a pas été le seul à avoir mis en place ce genre de réseau et certains réfugiés juifs arrivaient déjà munis de faux papiers. Quoiqu’il en soit, son œuvre de sauvetage est remarquable et mérite d’être grandement saluée.

Après la fin de la guerre, ayant réussi à ne jamais être arrêté, Oscar Rosowsky étudie et exerce la médecine et il fondera même la SFMG (Société Française de la Médecine Généraliste). Cet homme aurait pu simplement rester caché au Chambon-sur-Lignon et attendre la fin de la guerre. Cependant, il n’hésitera pas un instant à mettre sa vie en péril pour pouvoir, à son tour, en sauver et en sauvera d’autres -en tant que médecin- tout au long de son existence.

Il décède le 7 novembre 2014.

Allan Decoudu


[1] Née en 1921 dans une famille protestante au Chambon-sur-Lignon, il s’installera dans une veille ferme avec Oscar Rosowsky et c’est là qu’ils commenceront la fabrication de faux papiers avec l’aide du réseau dirigé par Léon Eyraud.

[2] Joseph Bass, dit Monsieur André fonda le groupe d’action contre la déportation après les rafles et les déportations massives de Juifs étrangers en zone Sud (Août 1942). Plus connu sous le nom de Service André, ce groupe se focalisera sur le sauvetage.

[3]Mireille Philip vit avec ses enfants au Chambon-sur-Lignon . Elle cachera des Juifs et participera aux filières d’évasion vers Saint-Etienne, Lyon, Annemasse, Genève puis elle participera à la résistance armée.

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