[Portrait] Trois figures féminines et féministes sur le « Plateau », trois femmes capables du meilleur 1/3 – Rivka Benzazon

Nombreux sont les hommes et les femmes qui, en temps voulu, on su faire face à l’ennemi au péril de leur vie. Le parfait exemple serait celui du Chambon-sur-Lignon, ou plus largement du « Plateau ». Ce petit village situé en Haute-Loire, terre protestante, est marqué par l’entraide, le sens de la tolérance, du partage et du respect des droits de l’Homme. Le Chambon était notamment un havre de paix pour les Juifs pourchassés dans une France occupée par l’Allemagne nazie, et nombreuses étaient les maisons d’enfants. S’intéresser à toutes les figures résistantes aurait été un travail monumental et c’est pour cela que j’ai décidé de m’intéresser « seulement » à trois figures féminines et féministes du Plateau : Dora Rivière,  Virginia Hall et Madeleine Dreyfus.

1/3 Dora Rivière 

Dora Rivière est née à Saint Étienne en 1895 dans une famille protestante originaire du Plateau. Elle fait des études de médecine et devient une des premières femmes médecins en France en 1919. Elle est très marquée par le christianisme social, mouvement protestant lié aux valeurs d’humanisme basé sur la religion, ce qui forgera dès son enfance son caractère.

Durant un voyage en Pologne, elle découvre la condition de la femme en Europe centrale, ce qui confirme alors son engagement féministe.

Dès son retour dans la Loire, elle participe et s’investit dans de nombreuses associations caritatives telles la Croix Rouge française ou encore la Cimade1 .

Dora Rivière choisit son camp dès la première heure et s’engage alors en résistance sous le nom de « Monsieur Lignon ».

Elle participe à l’organisation des passages à l’étranger de personnes recherchées par Vichy et elle assure également le placement d’enfant -juifs ou non- dans des maisons ou dans des fermes isolées. Elle participe également au sauvetage de personnes juives, au transport de matériel (des postes de radio, par exemple), tout cela grâce aux camions de la compagnie de transport de son père.

Elle est dénoncée et arrêtée le 6 octobre 1943. Elle est d’abord incarcérée à la prison de Bellevue -près de Saint-Étienne- puis à celle de Montluc à Lyon. Transférée au camp de Compiègne-Royalieu, elle est ensuite déportée à Ravensbrück.

C’est le 31 janvier 1944 qu’elle prendra là le matricule 27919, et qu’elle sera affectée au Revier, l’infirmerie du camp. Elle fait preuve d’un dévouement immense pour soulager les souffrances des prisonnières de toutes nationalités, de toutes confessions. Puis, affectée au Jugendlager -ou camp de jeunesse- lieu où l’on extermine les femmes âgées, handicapées, malades, Dora sera durement choquée et ne supportera pas de voir mourir atrocement tant de ses camarades.

Dora Rivière est libérée le 5 avril 1945 par la Croix-Rouge et revient en France par le « convoi des 300 femmes » .

Dès son retour, elle obtient un entretien avec le Général de Gaulle et s’envole pour les Etats-Unis afin de rencontrer madame Roosevelt qui lui accordera des aides pour ses œuvres sociales et elle devient également adjointe -chargée des affaires sociales- au maire de Saint Étienne.

C’est elle qui est à l’origine de l’Amicale de Ravensbrück, pour ne pas oublier.

Le 21 avril 1983, Dora Rivière s’éteint.

Elle était une femme forte, qui défendait ses opinions et ses valeurs, très engagée et féministe. « C’était surtout un personnage épique » nous raconte Monsieur Rivière, le neveu de Dora.

Elle reçoit le 6 février 2011, la médaille de Juste parmi les nations -à titre posthume- par l’institut Yad Vashem.


1Oeuvre d’obédience protestante fondée en Allemagne et en France dans les années 30 pour résister au déploiement du nazisme.

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