Archives de catégorie : Mon carnet de voyage

5 septembre 1534

Ce jour là à l’aube je la vois enfin : «  Terre! ». Nous sommes sur le point d’accoster à Saint-Malo. Nous avons mis les voiles blanches et nous sommes accueillis par une foule de gens enthousiaste. Je pense que tout le monde accueillera convenablement les indiens, nous allons les convertir. Je supplierai le roi de me faire faire un deuxième voyage pour poursuivre la conversion des peuplades encore à découvrir. S’il accepte, je serai satisfait et prêt pour de nouvelles aventures!

21 août 1534

Mon équipage ne va pas très bien. Nous sommes malades de scorbut. Mais heureusement ces jours-ci, grâce aux indiens qui nous accompagnent, nous prenons une plante médicinale du Canada qui guérit du scorbut: l’annedda. Elle pousse sur le cèdre blanc. On nous la fait  boire sous forme de boisson chaude faite à partir des feuilles de l’arbre. Les effets sont spectaculaires. Huit jours après, nous guérissons du scorbut! Les indiens nous apprennent que l’annedda guéri même d’autres maladies par exemple: la toux, les maux de tête, la constipation, une fracture … J’ai trouvé cette plante sur une terre que j’ai nommée Québec. Chaque jour , nous nous demandons quand nous arriverons enfin à Saint-Malo.

15 août 1534

Je vais partir avec mes deux caravelles pour retourner à Saint-Malo. Avec moi, j’apporte douze indiens fidèles pour les montrer au roi et à la reine. Ces indiens m’ont aidé à survivre au Canada. En outre, je ramène des plantes médicinales, par exemple la quinquina,qui est un arbuste au feuillage persistant avec des fleurs roses avec un petit tube jaune à l’intérieur. On utilise ses écorces pour guérir de la malaria (dite aussi paludisme), une maladie qui vient des moustiques. Le terme quinquina désigne aussi une drogue, donc pour ne pas les confondre avec la plante médicinale, on appelle aussi le médicament quinquina gris. Nous avons même apporté des végétaux impossibles à trouver dans nos pays, des peaux d’animaux notamment du lynx et de l’élan qu’on pourra vendre aux autres pays en disant que ce sont des raretés du Canada. Ces peaux sont très délicates et douces. L’élan fait partie des animaux que j’ai découverts avec ravissement ; c’est une espèce de cerf. Il a de longs poils épais avec une crinière sur la nuque. Son pelage est brun sombre avec les pattes plus claires. Les mâles possèdent des bois tandis que les femelles n’en possèdent pas.

10 juillet 1534

Aujourd’hui, nous sommes retournés dans la forêt des autochtones près du Golfe Saint Laurent. Nous avons vu un très bel animal, j’ai demandé le nom de cette bête majestueuse et ils m’ont dit qu’il s’appelait « lynx ». Nous nous sommes rapprochés calmement près de la bête sauvage, elle était en train de dévorer un lapin. Il était grand comme un loup et son visage ressemblait à celui d’un chat. Sa queue était courte comme celle d’un ours. Ses pattes étaient longues et larges. Son pelage était si épais qu’on ne pouvait pas voir ses griffes. Ses oreilles étaient triangulaires et pointues. Ses yeux étaient jaunâtres et son regard très intimidant. Il avait l’air d’avoir une barbe. Pendant qu’il mangeait le lapin, ses dents pouvaient être aperçues. Elles étaient si tranchantes que d’une seule bouchée il pouvait détacher trois doigts !

Mais malgré cela, c’est un animal merveilleux et majestueux comme un lion. Il garde toujours la tête haute pour faire voir aux autres animaux qu’il est supérieur. Il est imposant, il ne veut pas que tout autre animal entre dans son territoire.

Quand nous nous sommes approchés, il s’est échappé, rapide comme le tonnerre. Les autochtones l’ont chassé pour le tuer et ensuite prendre sa fourrure – je crois qu’ils l’utilisent pour se protéger du froid. Après l’avoir tué avec leurs flèches, ils l’ont apporté dans leurs huttes et le soir, les femmes m’ont offert un beau manteau fait de sa fourrure. Je vais le garder précieusement.

13 juin 1534

Nous sommes en train de découvrir ce nouveau pays merveilleux et plein de mystères. Aujourd’hui, nous avons fièrement marché avec mes compagnons dans une forêt sans limite pleine d’arbres à la recherche de nouveautés. Tout à coup, un de nos hommes a fait une découverte fantastique : il s’agissait d’un petit fruit violet plus foncé que le raisin. Ce petit fruit est à peine grand comme la perle d’une coquille Saint-Jacques. J’ai mordu dedans : c’est une merveille de la nature, son magnifique jus vert clair est excellent, c’est une sensation vraiment unique. Ce fruit est facilement écrasable ; on arrive à le presser en le tenant entre ses doigts. Nous sommes très fiers de cette découverte. J’ai la ferme intention de faire voir et de faire goûter au roi et à la reine ce fruit étonnant Je suis sûr qu’ils vont l’adorer. Les autochtones nous ont dit qu’il s’appelait « myrtille ».

11 mai 1534

Lors de notre visite de l’île, j’ai aperçu entre les arbres des petites cabanes faites de peaux de bête. Nous nous sommes dirigés vers les habitations et nous avons découvert qu’une tribu y habite. Elle est appelée les Iroquois.

C’est un peuple avec une grande culture qui paraît assez amical, exprimant assez clairement l’envie de commercer avec les Européens. Ces autochtones pêchent le loup marin et le phoque du Groenland mais également les petites baleines comme le béluga et le marsouin. Ils se déplacent pour la pêche en groupe sur des barques qu’ils fabriquent et qu’ils appellent pirogues. Elles sont faites d’écorce de bouleau. Ces embarcations sont légères, elles sont adaptées pour aller sur tous types de rivières de la région. Leur savoir faire concernant la pêche et la navigation vont nous aider pour commercer. Ces autochtones sont un peuple qui a sa propre religion, et leur spécialité est de construire des paniers en frêne et en foin. Leur mode de vie est fondé sur l’horticulture. Leurs vêtements sont composés de près de douze peaux de bison. Les femmes travaillent les peaux ; pour les aiguilles, elles utilisent des pattes de caribou ou de cerf. Parmi leurs vêtements, il y a des tuniques, des jambières et des mocassins à partir de peau d’animal. Leurs tuniques sont faites avec des peaux communes alors que les autochtones nordiques et des régions boisées utilisent des peaux de cerf, ceux de plaines mettent des peaux de bison.

10 mai 1534

Dès mon arrivée à Terre-Neuve avec mon équipage de soixante et un hommes, la première chose qu’on a vue a été les vastes et immenses montagnes qui sont incomparablement plus hautes que celles de mon pays. Émergeant derrière les montagnes, on voyait des arbres si gigantesques qu’ils semblaient atteindre le ciel et sur la neige, qui fondait, on a aperçu des feuilles de mille formes d’un vert foncé. On a même remarqué des fleurs de toutes les couleurs qui poussaient de la terre. J’ai surtout vu des animaux avec des étranges ramures et j’ai vu dans la lumière du soleil que ses yeux brillaient comme les étoiles dans le ciel, la nuit, pendant notre traversée. Il semblait avoir un museau de vache et le reste du corps semblait être celui d’un âne ou d’un cheval, mais il avait des choses sur la tête qu’on ne peut comparer à aucun animal sur notre terre sainte, d’étranges cornes comme celles d’une vache mais plus longues et déformés. Je suppose que cet animal est herbivore, puisqu’il était en train de manger de l’herbe.

Le paysage était si beau que je ne pouvais pas le comparer à aucun autre du monde et les grands arbres de mille essences me coupaient le souffle et je n’osais plus parler. Il y avait beaucoup de sortes d’oiseaux qui chantaient. A la fin de la journée on a vu un coucher du soleil magnifique.

26 Avril 1534

Nous voguons toujours à très bonne allure allure. Nous avons déjà parcouru vingt lieues. Nous espérons arriver plus tôt que prévu à Terre Neuve. Les matelots sont très contents. Ils sont conscients des conditions de vie sur les bateaux et veulent absolument éviter de tomber malade du scorbut. La nourriture est pour l’instant abondante et en bon état, bien que nous nous y attendions après seulement quelques jours de voyage. L’eau par contre commence à prendre un teint jaunâtre, ce qui pousse beaucoup de marins à boire de l’alcool et cela leur fait majoritairement perdre leur bon sens. Bien que la vie à bord soit difficile, nous savons que le bon Dieu est à nos côtés. Nous avons donc fait nos prières quotidiennes qui nous ont redonné de l’espoir. Nous allons de l’avant…

20 Avril 1534

Un léger rayon de soleil m’a réveillé en me caressant la joue par le hublot arrière. J’ai lentement ouvert les yeux. C’était le grand jour. Je me suis levé et je me suis habillé. En dessous de moi, il y avait déjà les premiers curieux qui voulaient admirer le départ. Les matelots étaient tous là. Le départ approchait. Soudain un cavalier s’est approché et a soufflé dans une trompette en dépliant un document, et il a dit: “Au nom de notre roi François 1er J’ordonne à Jacques Cartier, capitaine des deux caravelles amarrées dans le port de procéder au départ immédiat”. Sous les grandes acclamations de la foule, j’ai crié des ordres aux matelots qui ont hissé vaillamment les voiles en tirant sur des bouts. Mon cœur s’est affolé dans ma poitrine; j’étais tellement fier d’être celui qui allait découvrir les richesses de Nouveau Monde. Dans mes réflexions, je ne me suis même pas rendu compte que nous quittions déjà le port. La brise était bonne; les deux caravelles filaient sur les vagues à bonne allure. Je me suis retourné une dernière fois pour voir Saint Malo, ma ville natale, disparaître derrière moi et pour voir la presqu’île devant le port s’éloigner sous mes yeux. Mon cœur s’est noué quand dans ma tête a fleuri la pensée de ne plus jamais le revoir mais je l’ai rapidement repoussé en me disant qu’un bon marin devait toujours garder les pensés positives et avancer vers l’avant surtout dans la découverte de l’inconnu.

19 Avril 1534

Je me suis promené sur les quais du port de Saint-Malo. Une légère brise a traversé mes cheveux et j’ai senti la nervosité me gagner. On parle beaucoup de mon départ et j’entends dire : « Voilà le prochain Verrazano, il va finir mangé comme un poulet dans la bouche des indigènes ! » Ou encore, on dit que je suis fou de me lancer dans un si long voyage, mais pourtant, au fond de moi je suis fier ; je me suis battu pour recruter un équipage, et je vois bien que toutes ces accusations proviennent plutôt de la jalousie et de l’admiration que de véritable mépris. J’ai inspiré profondément et j’ai senti l’air frais de la mer gonfler mes poumons. J’étais fier. Une magnifique Caravelle se dressait devant moi. J’ai senti la bonne humeur me ressaisir : cette merveille de technologie qui se dressait devant mes yeux et me réchauffait le cœur : Mon Bateau.

Je me suis rapidement dirigé vers une auberge. A l’intérieur, j’ai commandé un somptueux repas car je savais bien que c’était la dernière fois que je connaîtrais un tel repas savoureux, les mille saveurs ont explosé dans ma bouche ; j’ai senti mon palais s’extasier de plaisir. Je me suis dirigé vers mon navire. J’allais dormir pour la première fois dans ma cabine à l’arrière du vaisseau.