Archives de catégorie : Le départ vers le Grand Nord

26 Avril 1534

Nous voguons toujours à très bonne allure allure. Nous avons déjà parcouru vingt lieues. Nous espérons arriver plus tôt que prévu à Terre Neuve. Les matelots sont très contents. Ils sont conscients des conditions de vie sur les bateaux et veulent absolument éviter de tomber malade du scorbut. La nourriture est pour l’instant abondante et en bon état, bien que nous nous y attendions après seulement quelques jours de voyage. L’eau par contre commence à prendre un teint jaunâtre, ce qui pousse beaucoup de marins à boire de l’alcool et cela leur fait majoritairement perdre leur bon sens. Bien que la vie à bord soit difficile, nous savons que le bon Dieu est à nos côtés. Nous avons donc fait nos prières quotidiennes qui nous ont redonné de l’espoir. Nous allons de l’avant…

20 Avril 1534

Un léger rayon de soleil m’a réveillé en me caressant la joue par le hublot arrière. J’ai lentement ouvert les yeux. C’était le grand jour. Je me suis levé et je me suis habillé. En dessous de moi, il y avait déjà les premiers curieux qui voulaient admirer le départ. Les matelots étaient tous là. Le départ approchait. Soudain un cavalier s’est approché et a soufflé dans une trompette en dépliant un document, et il a dit: “Au nom de notre roi François 1er J’ordonne à Jacques Cartier, capitaine des deux caravelles amarrées dans le port de procéder au départ immédiat”. Sous les grandes acclamations de la foule, j’ai crié des ordres aux matelots qui ont hissé vaillamment les voiles en tirant sur des bouts. Mon cœur s’est affolé dans ma poitrine; j’étais tellement fier d’être celui qui allait découvrir les richesses de Nouveau Monde. Dans mes réflexions, je ne me suis même pas rendu compte que nous quittions déjà le port. La brise était bonne; les deux caravelles filaient sur les vagues à bonne allure. Je me suis retourné une dernière fois pour voir Saint Malo, ma ville natale, disparaître derrière moi et pour voir la presqu’île devant le port s’éloigner sous mes yeux. Mon cœur s’est noué quand dans ma tête a fleuri la pensée de ne plus jamais le revoir mais je l’ai rapidement repoussé en me disant qu’un bon marin devait toujours garder les pensés positives et avancer vers l’avant surtout dans la découverte de l’inconnu.

19 Avril 1534

Je me suis promené sur les quais du port de Saint-Malo. Une légère brise a traversé mes cheveux et j’ai senti la nervosité me gagner. On parle beaucoup de mon départ et j’entends dire : « Voilà le prochain Verrazano, il va finir mangé comme un poulet dans la bouche des indigènes ! » Ou encore, on dit que je suis fou de me lancer dans un si long voyage, mais pourtant, au fond de moi je suis fier ; je me suis battu pour recruter un équipage, et je vois bien que toutes ces accusations proviennent plutôt de la jalousie et de l’admiration que de véritable mépris. J’ai inspiré profondément et j’ai senti l’air frais de la mer gonfler mes poumons. J’étais fier. Une magnifique Caravelle se dressait devant moi. J’ai senti la bonne humeur me ressaisir : cette merveille de technologie qui se dressait devant mes yeux et me réchauffait le cœur : Mon Bateau.

Je me suis rapidement dirigé vers une auberge. A l’intérieur, j’ai commandé un somptueux repas car je savais bien que c’était la dernière fois que je connaîtrais un tel repas savoureux, les mille saveurs ont explosé dans ma bouche ; j’ai senti mon palais s’extasier de plaisir. Je me suis dirigé vers mon navire. J’allais dormir pour la première fois dans ma cabine à l’arrière du vaisseau.